Lise Muscat
18 févr. 2022
Je suis venu au monde pour t’aimer Nina, alors, sans toi, je n’ai pas de raison d’y rester.
Extrait
"Tu sais Nina, on peut offrir beaucoup de choses à ceux qu’on aime.
Des mots d’amour, des instants de paix, de l’émerveillement, ou du bonheur, mais toi, sans le savoir, sans le vouloir même, en t’en allant tu m’as offert ce qu’il y a de plus précieux : le manque.
Après ton départ, il m’était impossible de me passer de toi. Tu étais partout autour de moi, et tu n’étais jamais là. Tu m’as donné conscience de la puissance du manque quand on aime. Ton absence était un supplice.
Tous les jours, j’ai cru mourir de ton absence.
J’avais mal de toi.
Je me souviens de chaque seconde de cette abjecte souffrance, de chaque douleur que j’ai supportée comme un sacrifice. J’étais mort. C’était tout. Et puis, je t’ai cherchée partout, pour ne pas devenir fou. Je devais me convaincre que tu existais encore, quelque part pour m’accrocher à la vie.
La peste s’est chargée de me faire payer un peu plus mes erreurs. J’étais un mendiant, un écorché, déchu dans mon amour.
Et puis, j’ai appris où tu étais. J’ai attendu des mois, mais je l’ai su.
À cet instant, plus rien d’autre n’a compté que l’idée de te revoir. Pas pour me faire entendre, ni pour me faire pardonner, et encore moins pour essayer de reprendre ma place.
Je devais revoir ton visage, et trouver en lui la force de survivre au manque que tu m’avais laissé, et à ton absence trop lourde pour respirer.
J’étais prêt à vivre en enfer pour avoir le bonheur de t’apercevoir une seule seconde au coin d’une rue, car dans cette image fugace, j’aurais su que tu étais en vie.
Je t’ai écoutée me rejeter, et je t’ai regardé t’offrir à un autre.
Là, j’avoue avoir voulu mourir.
T’imaginer dans ses bras, ses mains caressant ta peau, ton corps contre le sien, prenant du plaisir et acceptant de lui en donner. J’avais le cœur en miettes, broyé par un bonheur que je te souhaitais mais qui me détruisait.
J’ai pensé cent fois à tuer Maréchal simplement à cause de tes sourires, mais je refusais d’être encore la cause de ton chagrin.
Alors, j’ai accepté l’inacceptable, t’abandonner à celui que tu avais choisi et qui n’était pas moi. Par amour pour toi Nina, j’aurais fait n’importe quoi.
Et c’est à ce moment que j’ai acquis la certitude que le besoin que j’avais de toi pouvait se passer de ton corps.
Ce qu’il me fallait c’était toi, ta présence, tes sourires et tes mots.
J’ai vécu avec ce trésor jusqu’au jour où il a fallu que je renie notre union pour sauver ta vie.
J’ai compris avec ce sacrifice ce que représentait le vide, le néant…
J’avais renoncé à tout déjà, mais le jour de ton mariage, ce qui existait entre nous est mort, éteint avec le serment que tu offrais à ton mari.
Cette fois vraiment, je n’avais plus rien, je n’étais plus rien, à peine une coque vide à la dérive dans la tempête de ma vie qui n’avait plus aucun sens.
J’espère que tu as connu plus de bonheur avec lui que tu n’en as eu avec moi, qu’il a su te rendre heureuse là où j’ai échoué, et que les larmes que tu as versées à cause de moi ont été compensées par les sourires qu’il a fait naître sur tes lèvres.
Je veux le croire… pour ma rédemption, et pour ta récompense. Et puis, je t’ai encore perdue, mais cette fois, c’était au prix de ta vie. Et ça, je n’ai pas pu l’accepter.
Rien ni personne ne pouvait me convaincre de renoncer à te sauver de l’enfer de Ravenne. Aucun idéal, aucun combat, aucune promesse. J’étais prêt à tout pour te retrouver et te sortir du gouffre dans lequel tu avais été jetée.
À perdre ma vie, ma liberté et mon honneur…
Une fois encore, j’ai tout abandonné, et j’ai mis en danger ceux qui ne m’avaient jamais trahi. Mais je ne regrette rien… Je l’ai fait pour toi.
Je t’ai trouvée brisée mais vivante, et j’ai juré de veiller sur toi le reste de ma vie.
Je ne vivrai pas dans un monde où tu n’es plus Nina. C’est dans ces longs jours d’attente et de peur où j’ai tremblé pour ta vie que j’ai compris que tu étais mon évidence. Toi et seulement toi. Hier, aujourd’hui, demain, dans un jour, dans un mois, dans cent ans…
Je me suis alors accroché à l’espoir de revoir ton sourire et l’incomparable couleur de tes yeux. J’ai cru en ta force et en ton désir de rester en vie.
Ton corps était meurtri, mais toi, tu n’étais pas vaincue. Je suis resté près de toi pour t’accompagner dans ta lutte, et je t’aurais suivie si tu l’avais perdue, car je te l’ai dit, je ne survivrai pas sans toi.
Je suis venu au monde pour t’aimer Nina, alors, sans toi, je n’ai pas de raison d’y rester. Maintenant, tu es là et tu m’écoutes, et je veux te dire que je serai près de toi tant que tu ne me demanderas pas de partir, que c’est avec toi que je veux risquer ma vie pour la liberté, et que je rêve de connaître le Nouveau Monde en te tenant la main, parce que je sais que rien de ce que je vivrai ne sera aussi beau que ce qui a existé avec toi…